Le Pacte contre les changements climatiques

Je vous invite à signer la pétition que vous trouverez dans le texte suivant.

400 personnalités québécoises lancent un «pacte» pour lutter contre les changements climatiques

Les quelque 400 personnalités qui ont déjà signé ce «pacte» — dont Janette Bertrand et Roy Dupuis —  affirment que «le Québec de demain passe par une transition écologique de notre économie».

Alexandre Shields

Journal Le Devoir

Ils disent vouloir sortir du cynisme et du désespoir que peut susciter le naufrage climatique annoncé par la science. Près de 400 personnalités publiques, artistes et scientifiques du Québec lançaient mercredi matin le « Pacte pour la transition », une initiative pour inciter les citoyens à réduire leur empreinte environnementale et pour presser les gouvernements à agir de façon ambitieuse contre les changements climatiques.

« L’urgence de la situation exige une mobilisation sans précédent et de vigoureuses actions collectives pour protéger le monde dans lequel nous vivons, l’eau, l’air, les sols qui nous nourrissent, nous et nos enfants. La science nous dit aussi qu’il est technologiquement, humainement et économiquement possible de limiter le réchauffement de la planète. La solution passe par la volonté politique. Nous voulons passer de la parole aux actes », peut-on lire dans ce document, lancé mercredi matin au Théâtre du Nouveau Monde, à Montréal.

En plus de souligner le besoin de dépasser les « divergences politiques », les quelque 400 personnalités qui ont déjà signé ce « Pacte » affirment que « le Québec de demain passe par une transition écologique de notre économie, notamment par une transition énergétique juste qui fera un meilleur usage de notre savoir-faire, de nos ressources communes et de nos énergies renouvelables ».

Parmi les signataires, on retrouve notamment Guy Laliberté, Yvon Deschamps, Marc Labrèche, Robert Lepage, Pénélope McQuade, Guy A Lepage, Hubert Reeves, Louis-Jean Cormier, Xavier Dolan, Monique Giroux, Paule Baillargeon, Richard Séguin, Carole Laure, François Pérusse, Jean Lemire, Anne-Élisabeth Bossé, Vincent Vallières, Denys Arcand, Geneviève Borne, Mario Pelchat, André Robitaille, France Castel, Jean-Michel Anctil, Fabien Cloutier, Luc Langevin, Diane Dufresne et Daniel Bélanger.

« De Laure Waridel à Guy Laliberté, disons qu’on ratisse déjà très large. Il y a clairement un besoin de passer de la parole aux actes. Je sens aussi que le sentiment d’urgence est plus largement partagé et je suis convaincu que les enjeux environnementaux préoccupent une majorité de Québécois », souligne le metteur en scène Dominic Champagne, instigateur de cette initiative, en entrevue au Devoir.

Un engagement

Les gens qui ont signé et qui signeront le document s’engagent formellement à agir pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) en posant des gestes concrets, précise M. Champagne, qui dit espérer atteindre « un million de signatures ». Les signataires doivent donc tenter de réduire leur consommation de pétrole « partout où c’est possible », en réduisant l’utilisation de la voiture, notamment en favorisant le covoiturage, le transport collectif et le transport actif.

Au Québec, selon les plus récentes données disponibles sur les émissions de GES, le secteur des transports compte à lui seul pour plus de 40 % du bilan de la province. Selon le bilan mi-parcours du Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques, il y a d’ailleurs « urgence d’agir » dans les transports pour espérer atteindre les objectifs de réduction de GES du plan climatique gouvernemental.

Les citoyens qui signent le « Pacte pour la transition » s’engagent en outre, entre autres, à « amorcer une démarche sérieuse » de désinvestissement de leurs épargnes « du secteur des énergies fossiles », à réduire leur « production de déchets », leur « consommation de plastique » et leur consommation de viande.

« Tout le monde peut faire son effort, à la hauteur de ses moyens. Et on ne veut pas seulement pointer du doigt le gouvernement. Il y a aussi une responsabilité individuelle. On se demande donc : qu’est-ce qu’on peut faire dès maintenant, tout en appelant à de grandes transformations dans notre société ? On peut réduire, par exemple, notre consommation de viande. Et on peut choisir de faire du covoiturage. Donc, posons des gestes », explique Dominic Champagne.

Volonté politique

Il ajoute que ces gestes, aussi louables soient-ils, ne seront pas suffisants pour éviter les pires effets des bouleversements du climat planétaire. « Il faut aussi des politiques publiques qui soient à la hauteur des exigences de cette crise, mais également du potentiel du Québec », insiste celui qui dit vouloir se consacrer pleinement à ce nouveau « mouvement », ayant même renoncé à certains projets professionnels importants.

Le document publié mercredi appelle donc les élus à Québec et à Ottawa à mettre en œuvre des politiques et des lois qui s’inscrivent dans « le respect de nos engagements climatiques », en adoptant un « plan » qui permette d’atteindre les objectifs de réduction de GES, mais surtout de respecter les cibles de l’Accord de Paris sur le climat.

Pour espérer respecter cette entente climatique signée en 2015 par 195 États, il faudrait réduire les émissions de GES de 40 à 70 % d’ici 2050 (et les faire disparaître en 2100) pour espérer rester sous un réchauffement de 2 °C, et les baisser de 70 à 95 % pour rester sous un réchauffement de 1,5 °C, selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC).

Appel à la CAQ

Or, un tel objectif ne pourra être atteint au Québec que si toutes les décisions gouvernementales sont prises à la lumière d’un véritable « test climat ». « Il faut que les directives du bureau du premier ministre envoyées à l’ensemble des ministères tiennent compte des enjeux de la transition énergétique. Ça me semble être le gros bon sens, et je crois que François Legault peut comprendre le gros bon sens », fait valoir Dominic Champagne.

Le document plaide directement pour la fin de toute exploration pétrolière et gazière sur le territoire québécois, une refonte de nos politiques d’aménagement du territoire et pour une meilleure protection des écosystèmes naturels de la province, notamment les forêts.

« François Legault a admis qu’il avait du travail à faire en matière d’environnement. Il semble avoir entendu le message, mais nous allons nourrir le message, parce que le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a le pouvoir d’agir pour les quatre prochaines années. Il faut donc utiliser cette fenêtre d’opportunité. Avec la force du nombre, nous sommes persuadés qu’ensemble, nous pouvons renverser la vapeur, pour la suite du monde. »